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David Hallyday : « Pour tuer ceux qui s’aiment, il faudrait déchirer le ciel »


La musique coule dans ses veines, l’amour et l’élégance dans son cœur. Seul et digne héritier musical de son père, David Hallyday offre avec : « J’ai quelque chose à vous dire » l’un de ses plus beaux albums en trente ans de carrière. Artiste au plus profond de l’âme, s’il joue depuis longtemps dans la cour des grands, il chante aujourd’hui avec une nouvelle puissance que pour « tuer ceux qui s’aiment, il faudrait déchirer le ciel »…

Ce nouveau CD a forcément une énergie différente. D’un point de vue personnel mais aussi artistique. Que représente-t-il pour toi par rapport à tous les précédents ?

David Hallyday: La période durant laquelle je l’ai composé, implique d’emblée une différence majeure. En fait cela représente une période de reconstruction en même temps que de protection pour moi et ma famille. La musique a un côté salvateur et elle peut aussi jouer le rôle d’une bulle protectrice. J’ai aussi entamé une reconstruction en utilisant mon vécu et des termes universels.  On fait face à une violence assez extrême lorsqu’on perd un être cher. Tous ceux qui sont concernés comme moi le savent, c’est une expérience extrêmement difficile. J’ai souhaité l’exprimer de manière artistique plutôt que de le noyer au fond de moi Et lorsque j’ai commencé à composer ce CD en février dernier, je souhaitais vraiment qu’il sorte cette année.

Il y a une phrase percutante dans la chanson : « Eternel » : « pour tuer ceux qui s’aiment, il faudrait déchirer le ciel »…c’est assez puissant comme message ?

David Hallyday: Dans cet album, il y a un ordre hiérarchique et : « Eternel » est le premier titre que j’ai composé. Quand j’ai préparé cet album, c’est la première phrase qui m’est venue : l’amour est éternel. Envers et contre tout, personne ne peut arrêter l’amour entre les êtres, entre deux êtres. J’ai fait appel à Arnaud Santa Maria avec qui j’avais travaillé sur mon précèdent album : « Le temps d’une vie ». En fait il devait rester trois jours avec moi et il est resté une semaine. Nous avons beaucoup parlé tous les deux, je me suis beaucoup confié à lui. J’avais beaucoup de choses enfouies à l’interieur et c’est le premier titre qui s’est imposé. Je souhaitais évoquer des choses dures mais en même temps parler d’amour. C’était évidemment un exercice périlleux dans la mesure où c’est assez paradoxal.

Quel est le titre dans ce CD qui a été le plus douloureux à accoucher ?

David Hallyday: Il y a cinq, six titres sur l’album qui sont en relation directe avec le vécu de cette période-là. Je dirais que : « Ma dernière lettre », « Eternel », « J’ai quelque chose à vous dire »et « A toi, Je pardonne » sont les titres les plus sensibles à ce niveau.

« Ma dernière lettre » renferme pas mal de code, de secrets. Est-ce que tu ne révéleras jamais certains de ces secrets ?

David Hallyday: Il y a deux thèmes dans cette chanson, le premier est celui d’une lettre qui correspond à un passage, à un transfert d’une personne qui n’a plus le temps de dire ce qu’il veut aux gens qu’il a aimé. Et puis il y a la dernière lettre aussi comme je l’ai expliqué que j’ avais écrit à mon père…Ces deux thèmes se mêlent pour donner cette chanson.

C’est Laura qui a donc réalisé le clip de cette chanson. Est-ce qu’il y a eu un moment particulièrement énigmatique durant ce tournage ?

David Hallyday: Il y a eu plusieurs choses surprenantes. Tout d’abord ce contact avec ce loup que j’ai pu rencontrer quelques jours avant le tournage pour qu’il se familiarise à moi et moi à lui. Il y a eu une alchimie entre lui et moi assez incroyable. D’ailleurs c’est la septième fois que je vais le voir lorsque je suis à Paris puisqu’il est à une heure de Paris. Il y a eu ce premier aspect mystique. Et aussi évidemment le fait de travailler avec Laura. Je suis rentré dans son univers et j’étais assez impatient de voir ce qui allait se passer après tout ce que nous avons vécu ensemble ces derniers temps. Ce fut donc un jour magique d’autant que cette chanson est la carte de visite de cet album et que c’est très important à mes yeux. Et je sais que c’était très important pour Laura de réussir ce clip. Je lui avais donné carte blanche donc ce fut une journée de tournage très forte en émotion. Je m’en souviendrais longtemps puisqu’il qu’il y a eu plein de signes incroyables ce jour-là.

Est-ce que tu as le sentiment que le lien qui t’unit à Laura a décuplé dans la douleur et l’épreuve ?

David Hallyday: On est tous ensemble et soudés. Laura, mon entourage proche qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas et qui subit les mêmes choses que Laura et moi et aussi de Jade et Joy. Nous traversons tous les mêmes douleurs. La famille est là pour se soutenir comme n’importe quelle famille qui a perdu un proche. Nous sommes comme tous les gens sur terre, nous ne sommes pas les seuls et uniques ! Ce qui fait la nuance et qui complique un peu la donne, c’est le fait que notre famille est connue. Cela rajoute un peu de douleur et de complexité au milieu de cette histoire alors que nous devrions pouvoir faire notre deuil  plus dans le calme.

Tu as participé à  Sept à huit. Était-il important pour toi de faire cette émission et as-tu quasiment tout dit dans cette interview ?

David Hallyday:J’ai dit ce que j’avais à dire une fois. Il me semblait important pour mes proches, ma famille et moi-même après huit mois où l’ on a entendu dire tout et n’importe quoi, de faire entendre mon vécu. Non je n’ai pas tout dit ! J’en ai dit le tiers et tout le reste ne sortira pas de ma famille.

Ta mère reste solide et carrée. Sylvie a une grande force et une profonde élégance. Que signifie pour toi de l’avoir à tes cotés aujourd’hui ?

David Hallyday:Ma mère comme ma grand-mère qui m’a aussi élevé, est le pilier de cette famille. D’ailleurs lorsque mes parents étaient ensemble, ma grand-mère maternelle a souvent arrangé les choses entre eux. Donc c’était un pilier et elle a transmis cela a ma mère. Nous avons tous besoin des autres et nous avons besoin d’avancer. Nous sommes une famille normale qui se soutient plus que jamais parce que l’on s’aime tous profondément.

On parle toujours de ce que Johnny n’a pas laissé, mais quel est le plus beau cadeau qu’il t’ait offert. Cela peut être matériel mais aussi une parole, un regard… ?

David Hallyday :Mon père m’a dit beaucoup de choses lorsqu’on arrivait enfin à n’être que tous les deux ! Le plus beau cadeau qu’il m’ait fait c’est de partager cet album : « Sang pour Sang »(record de vente de Johnny de tous les temps avec 1,8 millions de CD vendus) entre nous. A ce moment-là, j’ai pu ressortir tout ce que j’avais en moi et pour lui redonner comme un cadeau, un échange. C’est la confiance qu’il m’a attribuée et les moments que nous avons passé à cette période que je n’oublierai jamais et ça c’était super….

Tu disais pour ses 50 ans : « Mon père, c’est la passion toujours en quête de l’inaccessible étoile, parfois blessé par d’inutiles combats mais jamais blasé ». Est-ce qu’aujourd’hui tu confirmes ce que tu disais à l’époque ?

David Hsllyday: Bien sûr ! Non seulement cela n’avait pas changé mais en plus cela a été renforcé. Nos vies n’ont jamais été des longs fleuves tranquilles. Donc il y a eu des embûches mais mon père était un énorme travailleur, il était passionné par ce qu’il faisait, par la musique, il adorait son public, il parlait souvent de lui. Et même quand il pouvait éprouver de la fatigue et rêvait de tranquillité, ce qui est normal, très vite son travail et son public lui manquaient. Il était toujours ravi de remettre les pieds sur scène avec ce public qui était si nombreux et qui est toujours là aujourd’hui. Tout ce qui était difficile lui plaisait. C’est un trait familial que nous partageons tous : nous adorons les challenges. Mon père aimait aller plus haut, plus loin et c’est un besoin qui s’est renforcé avec le temps et jusqu’au bout.

David tu es le seul et digne héritier de ton père. Alors quand d’autres s’autoproclament fils spirituels alors qu’ils ne l’ont côtoyé que cinq ou dix ans, comment réagis-tu ?

David Hallyday: Franchement mon père peut avoir des fils spirituels, je n’ai aucun problème avec cela ! Il en a eu beaucoup tout au long de sa vie, ce n’est pas un souci. On a le droit d’avoir des fils spirituels mais cela n’est pas non plus un fils. On peut aussi avoir des pères spirituels, cela ne signifie pas qu’on efface son père. C’est avant tout une forte relation amicale. C’est un peu normal lorsqu’on collabore avec des gens qui ont la même passion, on peut être épris d’une amitié très forte, cela devient comme un semblant de famille même ce n’est pas la famille.

Tu as vendu des millions de CD, été classé aux USA, en Europe, en Australie…jusqu’à cet album. Peut-on dire que tu es artistiquement comblé ?

David Hallyday: Je suis aussi un challenger. Le début de ma carrière qui s’est passé aux Etats-Unis a été intéressant mais j’ai toujours eu qu’une envie : continuer d’avancer. Que ce soit la musique ou autre chose, on ne maitrise pas tout, on continue d’apprendre tout au long de sa vie. J’éprouve énormément de gratitude à l’égard de l’existence de m’avoir donné les facultés d’exercer un métier qui me passionne. Je suis comblé de pouvoir le faire mais je ne suis pas assis sur un acquis. Je continuerai d’apprendre jusqu’au bout comme tous les artistes.

Penses-tu que le temps permette de panser toutes les blessures ou au contraire il ne peut pas effacer certains pièges de l’existence ?

David Hallyday: Non il ne peut pas tout effacer. Le temps apaise les grandes blessures. Mais il y a des blessures qui ne se referment jamais.

A 52 ans, à quoi aspires-tu pour le futur. Quel est l’essentiel pour pouvoir poursuivre ton chemin paisiblement ?

David Hallyday :Alors paisiblement c’est ce que je souhaite… Quoi qu’il arrive, je ferai toujours de la musique. Si ce n’est plus pour moi, cela sera pour les autres. Je suis né comme cela. Je me suis construit autour de la musique. J’aspire à devenir encore meilleur en tant qu’individu. On m’a appris une éthique et des codes et j’ai des convictions que je partage avec mes enfants. Mais chaque jour qui passe, je souhaite être une meilleure personne. Au bout du voyage, il est important d’être fier des marqueurs que l’on pose sur son chemin en espérant que cela influence positivement ceux que l’on aime et aussi les autres. C’est mon idéal….

 Franck Ragaine

David Hallyday: “To kill the love between people, you would need to tear the sky”

Music flows in his veins, love and elegance in his heart. The only and worthy musical heir of his father (Johnny Hallyday), David Hallyday offers with his new CD (in the Top Charts in Europe): “I have something to say to you” one of his most beautiful albums in thirty years of career. At the top of his game, he sings today with  powerful lyrics and music  that to “kill the love between people, you would need to tear the sky” …

This new  CD necessarily has a different energy. Both from a personal point of view but also artistic. What does it represent for you compare to all the previous ones?

David Hallyday: The period during which I composed it immediately implies a major difference. In fact, it represents a period of reconstruction at the same time as protection for me and my family. Music has a saving side and it can also play the role of a protective bubble. I also started a reconstruction using my experience and universal terms. We face extreme violence when we lose a loved one. For everyone who is concerned, as I am aware, it is an extremely difficult experience. I wanted to express it artistically rather than hiding it deep inside me. And when I started composing this CD last February, I really wanted it to come out this year.

There is a powerful sentence in the song: “Eternal”: “To kill the love between people, you would need to tear the sky”… ?


David Hallyday: In this album, there is a hierarchical order and “Eternal” is the first title I composed. When I prepared this album, it was the first sentence that came to me: love is eternal. Against all,no one can stop the love between beings, between two beings. I called Arnaud Santa Maria with whom I had worked on my previous album: “The time of a life”. In fact, he had to stay three days with me and he stayed a week. We talked a lot together, I opened a lot to him. I had a lot of things buried inside and this is the first title that has emerged. I wanted to talk about hard things but at the same time talk about love. It was obviously a dangerous exercise as far as it is rather paradoxical.

What is the title in this CD that was the most difficult to make?

David Hallyday: There are five, six tracks on the album that are directly related to the experience of that period. I would say, “My last letter,” “Eternal,””I have something to say to you,” and “To you, I forgive,”are the most sensitive titles at this level.

“My last letter” contains a lot of secrets codes. Will you never reveal some of these secrets?

David Hallyday: There are two themes in this song, the first is that of a letter that corresponds to a passage, a transfer of a person who no longer has the time to say what he wants to the people he has loved. And then there is the last letter also as I explained that I had written to my father … These two themes mingle to give this song.

 Laura Smet, your sister, directed the video of this song. Was there a particularly enigmatic moment during this shoot?


David Hallyday: There were several surprising things. First of all this contact with this wolf that I could meet a few days before the shooting so that he becomes familiar with me and me with him. There was an chemistry between him and me pretty incredible. Besides, it’s the seventh time I’ll see it when I’m in Paris since it’s one hour from Paris. There was this first mystical aspect. And of course, working with Laura. I came back into her world and I was quite impatient to see what was going to happen after all we had been together lately. So, it was a magical day especially since this song is the first single of this album and that it is very important to me. And I know it was very important for Laura to direct this video. I gave her total freedom to shoot this video, so it was a very emotional day of filming. I will remember it for a long time since there were many incredible signs that day.

Do you feel that the bond that unites you with Laura has increased tenfold in pain and trial?

David Hallyday: We are all together and united. Laura, and also the rest of my family that we do not see and we do not hear and who undergoes the same things as Laura and me and also Jade and Joy (the two young daughters of his dad from his last marriage).We all go through the same pains. The family is there to support themselves like any family that has lost a loved one. We are like all people on earth, we are not alone and unique! What makes the nuance and that complicates a little the deal is the fact that our family is famous. It adds a bit of pain and complexity in the middle of this story when we should be able to mourn more peacefully.

You participated to a TV Show where you opened up about the complexity of your dad’s death. Was it important for you to do this show and did you say almost everything in this interview?

 David Hallyday: I said what I had to say once.It seemed to me important for my family and myself after eight months of hearing anything and everything, to tell my truth. No, I did not say everything! I said one-third and everything else will not come out of my family.

Your mother (the international star Sylvie Vartan and Johnny’s first wife) stays strong and leveled. Sylvie has a profound elegance. What does it mean for you to have her by your side today?

David Hallyday: My mother, like my grandmother, who raised me, is the pillar of this family. Besides, when my parents were together, my maternal grandmother often arranged things between them. So it was a pillar and she passed it on to my mother. My mother is an exceptional woman. We all need others and we need to move forward. We are a normal family that supports itself more than ever because we all love each other deeply.

We always talk about what Johnny did not leave, but what is the best gift he has given you. It can be material but also a word, a look ...?

David Hallyday: My dad told me a lot of things when you finally got to be only two!The best gift he gave me was to share this album: “Sang  pour Sang” (Johnny sales record of all time with 1.8 million CDs sold) between us. At that moment, I was able to bring out all that I had in me and to give it back as a gift, an exchange. This is the confidence he gave me and the moments we spent in this period that I will never forget and that was great ….

You said for his 50 years: “My father, it is the passion always in search of the inaccessible star, sometimes wounded by useless fights but never blasé”.Do you confirm today what you were saying at the time?

David Hallyday :Of course ! Not only did it not change but it was reinforced. Our lives have never been long, quiet rivers. So there were pitfalls, but my father was a huge worker, he was passionate about what he did, by the music, he adored his audience, he often talked about it. And even when he could feel tired and dreamed of tranquility, which is normal, he missed his work and his audience.He was always delighted to be back on stage with this audience, very large audience and they are still there today.. It’s a family trait that we all share: we love challenges. My father liked to go higher, further and it is a need that has been reinforced over time and to the end.


David, you are the only and worthy heir of your father. So,when others proclaim themselves spiritual sons when they’ve only been around  for five or ten years, how do you react?

David Hallyday: Frankly my father can have spiritual sons, I have no problem with that! He has had many throughout his life, it is not a concern. One has the right to have spiritual sons but that is not a son either. One can also have spiritual fathers, that does not mean that one erases one’s father. It is above all a strong friendly relationship. It’s a bit normal when you collaborate with people who have the same passion, you can be in love with a very strong friendship, it becomes like a semblance of family even it is not the family.

You have sold millions of CDs, have been in top charts in the USA, in Europe, in Australia … . Can we say that you are artistically fulfilled?

David Hallyday: I am also a challenger. The beginning of my career that happened in the United States was interesting, but I always had a desire: continue to move forward.Whether it’s music or something else, we do not master everything, we continue to learn throughout life. I feel a great deal of gratitude for the existence of having given me the ability to practice a profession that fascinates me. I am thrilled to be able to do it, but I am not sitting on an asset. I will continue to learn to the end like all artists.

Do you think that time allows you to heal all wounds or, on the contrary, it cannot erase certain traps of existence?

David Hallyday: No, it cannot erase everything. Time soothes great wounds. But there are wounds that never heal.

At 52, what are you looking for in the future? What is essential to be able to continue your path peacefully?

 David Hallyday :Peacefully that’s what I want …Whatever happens, I’ll always make music. If it’s not for me anymore, it will be for the others. I was born like this. I built myself around music. I aspire to become even better as an individual. I have been taught ethics and codes and I have convictions that I share with my children. But every day that passes, I wish to be a better person. At the end of the journey, it is important to be proud of the markers that one puts on one’s way, hoping that it positively influences those we love and also the others. It’s my ideal…

Interview Franck Ragaine

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